Responsable : Jacky Hummel (Professeur)
Présentation de l'axe Mutation de l'Etat et théories de la démocratie
- La création de l’axe « Mutation de l’État et théories de la démocratie » procède de la fusion, en 2011, du Laboratoire d’Etude du Droit Public (LEDP) avec le Centre d’Etudes et de Recherche autour de la Démocratie (CERAD). Les membres du CERAD ont prioritairement rejoint ce nouvel axe de l’Institut qui donne à voir les étroites affinités qui peuvent exister entre le droit politique, les sciences politiques et l’histoire des idées.
- Sur le plan académique, il convient de rappeler, qu’au sein de la Faculté de droit et de science politique de l'Université de Rennes 1, les enseignants-chercheurs et doctorants de droit public et de science politique sont réunis au sein de la même section 02-04. A travers les manifestations scientifiques, celui-ci est devenu un lieu d’échanges entre juristes, politistes, historiens et philosophes.
- Dans le cadre du prochain contrat quinquennal, le thème « Mutation de l’État et théories de la démocratie » entend d’ores et déjà mener trois manifestations scientifiques et un projet d’ouvrage.
1er projet - Les représentations du corps politique dans l’historiographie constitutionnelle. Les identités nationales et le droit politique
- Le premier projet, porté par le professeur Jacky Hummel, est un colloque intitulé Les représentations du corps politique dans l’historiographie constitutionnelle. Les identités nationales et le droit politique.
- Par ses usages politiques et normatifs, l’histoire constitutionnelle a toujours été étroitement arrimée au discours du droit constitutionnel. Sa mise en récit ne peut procéder que d’un travail de déchiffrement des représentations qui se trouvent au principe d’un ordre constitutionnel et qui forment le socle de son identité.
- Animé par l’idée selon laquelle les cultures politique et constitutionnelle se rejoignent pour construire et affermir l’identité nationale, ce colloque se propose de montrer que la culture constitutionnelle ne cesse d’interroger l’identité politique entendue comme fondement de l’unité d’un corps politique. Á cet égard, de nombreux ordres étatiques se sont construits à travers des institutions de droit en formant un corpus fictum politique. L’Angleterre affirme ainsi un tel corps politique à travers le Parlement de Westminster, sans pour autant arriver à supprimer, de la Révolution américaine jusqu’aux luttes de classes du XIXe siècle, les contestations d’une telle légitimité (Ernst Kantorowicz a montré que le Parlement était, par l’effet d’une représentation de la chose commune, le corps politique vivant du royaume : par sa nature concrète et visible, ce corpus repraesentans a rendu inutile le recours à des concepts abstraits comme l’État). Si la France affirme un tel corpus fictum par le modèle de l’État-nation, les États-Unis le pensent autour d’une célébration théologique de leur Constitution.
- En invitant à saisir la réalité constitutionnelle dans toute sa complexité, ce projet de recherche permet d’écarter le péril d’une réduction de la norme constitutionnelle à ses seuls usages interprétatifs successifs. Une telle réduction est, en effet, de nature à emporter une historicisation sociale et politique de la constitution qui revient, in fine, à écarter l’idée même d’une temporalité constitutionnelle propre.
2ème projet - Qu'est-ce que le populisme ?
- Le deuxième projet, porté par Gwendal Châton et Sébastien Caré, tient en l’organisation d’une journée d’études sur le populisme.
- Organisée autour de la question « Qu’est-ce que le populisme ? », cette manifestation scientifique viendra s’inscrire dans le cadre d’une activité éditoriale, intense depuis deux ans, autour de ce concept. Retenue précocement par certains théoriciens (Guy Hermet, Ernesto Laclau, Pierre-André Taguieff) et récemment réinvestie par des historiens ou des philosophes (Jean-Werner Müller, Pierre Rosanvallon, Federico Tarragoni), la notion de populisme suscite néanmoins la méfiance de beaucoup de politistes, comme cela a longtemps été le cas du concept de totalitarisme. Mais, comme ce dernier, la notion de populisme paraît être à la fois incontournable et insatisfaisante.
- C’est pourquoi il apparaît pertinent de mener un travail collectif portant sur son contenu, sa pertinence et ses usages. Cet effort s’impose d’autant plus qu’il conduit à envisager une notion parente, celle de « démocratie illibérale », qui génère un débat également vif entre ses partisans (souvent plus libéraux que démocrates) et ses adversaires (souvent plus démocrates que libéraux). Précisons enfin que ce colloque se voudra pluridisciplinaire : il associera des politistes, des juristes, des historiens, des philosophes et des sociologues.
- La programmation de ce projet est envisagée au début de l’année 2022.
3ème projet - Le conservatisme de gauche
- Le troisième projet, placé sous la responsabilité scientifique de Gwendal Châton et de Sébastien Caré, a pour objet le « conservatisme de gauche ».Ce projet s’inscrit dans le sillage de l’organisation d’une section thématique lors du dernier Congrès de l’Association française de science politique (AFSP) et du Réseau des associations francophones de science politique (COSPOF), qui s’est tenu en juillet 2019. Il se donne pour but l’investigation d’un oxymore récemment venu enrichir les outils sémantiques de la théorie politique : le « conservatisme de gauche ».
- Afin d’élargir le débat autour de cette notion émergente, ce dossier veut associer des chercheurs français et québécois dans un numéro thématique dont la proposition a été soumise, en février 2020, à la revue Politique et sociétés. Après une introduction portant sur l’usage des catégories hybrides en histoire des idées politiques, il sera composé de six articles portant sur la généalogie intellectuelle de la notion, sur le théoricien politique américain Sheldon Wolin, sur le cinéaste Pier Paolo Pasolini, sur la réception française du sociologue Christopher Lasch, sur l’écrivain Michel Houellebecq, ainsi que sur les présupposés anthropologiques de ce courant. La perspective sera à la fois compréhensive et critique.
Dictionnaire de la théorie politique
Un Dictionnaire de théorie politique est en préparation. Il sera rédigé sous la direction de Gwendal Châton, Sébastien Caré et Jean-Vincent Holeindre.